Friday, August 10, 2012

Belgique : le réacteur nucléaire Doel 3 arrêté après la découverte de potentielles fissures sur la cuve

Mardi 7 août 2012, l'Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) de Belgique a annoncé que le réacteur numéro 3 de la centrale de Doel (Flandre) sera maintenu à l'arrêt tant qu'Electrabel, la filiale de GDF Suez qui exploite la centrale, n'aura pas fourni "des arguments convaincants" contredisant de premiers résultats faisant état de potentielles fissures.

"L'opinion finale de l'AFCN se basera sur l'évaluation de sûreté du dossier complet, de même que sur les avis de son Conseil Scientifique, et sera soumise à un audit international", précise l'agence. Cet événement est temporairement classé au niveau 1 de l'Echelle internationale des évènements nucléaires (Ines), en attendant une éventuelle réévaluation. L'arrêt de Doel 3 durera "(au moins) jusqu'au 31 août 2012".
Nombreuses indications de potentielles fissures
Fin juillet, l'AFCN annonçait que le réacteur Doel 3 est à l'arrêt dans le cadre d'une révision et qu'à cette occasion "des mesures sur la cuve du réacteur ont été réalisées au moyen d'un nouveau type de capteurs ultrasoniques".
Suite a de premiers contrôles de la cuve du réacteur réalisés à l'aide de capteurs ultrasoniques, l'agence fédérale rapporte que "si les résultats de ces analyses ne sont pas encore complètement établis à ce stade, il apparaît déjà que les capteurs ultrasoniques ont détecté sur la cuve la présence de très nombreuses indications qui pourraient s'assimiler à de potentielles fissures". En conséquence, "le réacteur est maintenu à l'arrêt tant que les résultats complets n'ont pas été fournis", annonce l'AFCN précisant qu'elle "donnera son opinion après analyse de l'ensemble des informations reçues, sans verser dans la spéculation".
"Dans un premier temps, Electrabel a notifié rapidement un certain nombre de constatations anormales dans le cadre des contrôles ultrasoniques sur le réacteur de Doel 3", rapporte l'agence, ajoutant qu'"après ces constats, Electrabel a décidé de procéder à de nouveaux contrôles à l'aide d'un autre type de sondes ayant démontré par le passé leur fiabilité". L'arrêt du réacteur est donc maintenu tant que l'analyse de la deuxième série de résultats n'est pas achevée.
 
Le nucléaire belge  
  • La Belgique dispose de sept réacteurs répartis sur deux sites dont l'activité court jusqu'à 2025, conformément au plan de sortie du nucléaire qui prévoit la fermeture des réacteurs après quarante ans d'activité.

  • Le site de Doel est équipé de quatre réacteurs. Les deux premiers seront arrêtés en 2015 et les deux autres entre 2022 et 2025.

  • La centrale de Tihange accueille trois réacteurs dont l'arrêt définitif doit intervenir entre 2022 et 2025. Le premier réacteur devait initialement être arrêté en 2015, mais, le gouvernement belge a rallongé de dix ans sa durée de vie, la portant à 50 sa durée de vie.
 
Contrôle de quatre autres cuves
Par ailleurs, l'AFCN fait le point sur les contrôles des cuves actuellement planifiés, précisant à cette occasion quelles sont les entreprises ayant fabriqué les cuves.
"Tihange 2 [Wallonie], bientôt à l'arrêt pour révision planifiée, subira en septembre 2012 la même inspection", rapporte l'agence, précisant qu'"en effet, Tihange 2 possède une cuve forgée par le même fournisseur dans les années 70 (Rotterdamsche Droogdok Maatschappij)". Tihange 1, comptes tenus de la récente décision de prolonger de dix années supplémentaires la durée de son exploitation, subira "une inspection de ce type (…) en 2013, sachant bien qu'il s'agit d'un autre constructeur (Creusot)". Les cuves de Doel 4 et de Tihange 3 (construites par Japan Steel Works ) "devront à terme (…) subir également ce même type d'inspections", annonce l'agence sans donner plus de détail.
Quant aux réacteurs 1 et 2 de Doel, l'agence n'indique pas si elle entend contrôler la cuve.
L'ASN évoque des "anomalies de fabrication"
De son côté, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française publie une note d'information sur le contrôle de Doel. Si l'ASN reprend les éléments publiés par son homologue belge, elle ajoute cependant certaines précisions.
"Ces défauts, dont l'origine n'est pas précisément établie à ce jour, seraient dus à des anomalies de fabrication", avance l'ASN. Elle ajoute par ailleurs que ces défauts ont été détectés "lors d'un contrôle par ultrasons de toute la zone fortement irradiée de la cuve". Et de préciser que "ce procédé était utilisé pour la première fois sur la cuve Doel 3 et a été mis en œuvre à la demande de l'AFCN".
Par ailleurs, elle revient sur les contrôles effectués sur les cuves des réacteurs français. "Les résultats de ces contrôles, réalisés en fin de fabrication puis tous les 10 ans, ne montrent pas d'anomalies similaires", annonce-t-elle, précisant que "l'industriel hollandais qui a fabriqué la cuve de Doel 3 n'a forgé aucune pièce destinée à des cuves du parc nucléaire français".
Vingt-deux réacteurs, dont onze en Europe
Le quotidien Le Monde avance que 22 cuves auraient été produites par cette entreprise hollandaise qui a depuis cessé ses activités. Neuf d'entre elles seraient installées sur des réacteurs situés en Europe. L'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, les Pays Bas et la Suisse disposent chacun de deux réacteurs équipés de ces cuves et la Suède en détient un. Quant aux 11 autres cuves, elles sont installées aux Etats-Unis (10 unités) et en Argentine (1 cuve).
L'AFP rapporte que Marlène Holzner, la porte-parole du Commissaire à l'Energie Gunther Oettinger, a déclaré ce jeudi que les anomalies découvertes dans la cuve d'un réacteur nucléaire en Belgique devraient conduire au contrôle de toutes les installations similaires dans l'UE. Cependant, elle a rappelé que "la Commission européenne peut faire des recommandations, mais elle ne peut pas obliger".

actu-environnement.com
9/8/12
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